1381 – 2006 : 625ème anniversaire
Un peu d’Histoire
Notre royaume a fêté en 2006, ses 175 ans d’existence. La capitale de la Belgique a l’honneur de voir un des plus anciens éléments en activité de son patrimoine historique, fêter, cette même année, le 625e anniversaire de sa reconnaissance. On sait qu’il existait déjà des arbalétriers à Bruxelles au XIIe siècle, toutefois ceux-ci n’étaient pas organisés sous forme de Gilde ou de Serment. Il y avait tout simplement des éléments d’arbalétriers sous la forme de compagnies ou de détachements. Il ne subsiste aucun document officiel qui puisse attester de la reconnaissance d’une Gilde à cette époque. Les archives du Grand Serment d’avant le XVIIe siècles ont été détruites, de très riches joyaux de la Gilde se sont volatilisés. En effet entre 1690 et 1815, les événements politiques furent très nuisibles aux institutions communales et en particulier au Serment de Saint-Georges. Il y a le bombardement de Bruxelles en 1695 par le Maréchal de Villeroy. En 1789, lors des combats qui précèdent l’expulsion des Autrichiens, les insurgés installent leur QG dans le jardin de Saint-Georges. En 1792, Bruxelles est envahi par les troupes du Général Dumouriez. Début mars 1793, c’est au tour des Sans-Culottes d’envahir Bruxelles et les maisons des Serments sont mises à Sac. Le 18 mars 1793 les troupes républicaines sont défaites à Neerwinden et le 28 avril 1793, les Autrichiens reviennent à Bruxelles. Le 26 juin 1794 les Français, commandés par le Général Jourdan battent les Autrichiens à Fleurus et le 11 juillet , ils reviennent à Bruxelles et s’emparent du jardin de tir de la Gilde, dénommé Jardin de Saint-Georges, situé rue des Alexiens, côté pair, à l’endroit où se trouve actuellement l’établissement scolaire néerlandophone, le « Sint-Joris lager onderwijs ». Les Serments d’Arbalétriers furent supprimés en vertu des lois de la République française, d’application dans nos provinces après annexion, par leur proclamation du 9 Vendémiaire an IV (1er octobre 1795). Les documents des XIIe et XIIIe siècles, se référant aux arbalétriers de Bruxelles, ont donc été détruits. Dès lors, les arbalétriers royaux de Saint-Georges, afin de respecter le tracé historique, s’appuient sur le seul document ancien existant encore aux archives de la Ville, la charte édictée par les ducs de Brabant, Jeanne et Wenceslas. Et la Gilde au double prédicat, se réclame du « Grand Serment des Arbalétriers de Bruxelles », reconnu officiellement par cette charte du 4 mai 1381, et du « Serment de Saint-Georges » établi dans ses droits en 1389 par la duchesse Jeanne de Brabant.
Après le départ des Français en 1814, les sociétés sortirent de l’ombre et commencèrent par réclamer le rétablissement de leurs privilèges. La Loi fondamentale de 1815 vint anéantir leurs illusions. Le Régime Hollandais se montra plus clément que le Français, bien qu’il déniait toute existence légale aux groupements de quelque nature qu’ ils fussent. La Régence de Bruxelles multiplia les autorisations de se réunir et, petit à petit, les arbalétriers reprirent leurs jeux. Le Serment de Saint-Georges fut reconstitué par les anciens membres, à la faveur de l’instauration de l’ Indépendance et de la Monarchie. Après 1830, les Sociétés de tir se reconstituent un peu partout, non plus comme des Milices actives ou des Corps jouissant de privilèges politiques, mais sous la forme de sociétés d’agrément, sportives, culturelles, historiques. C’est ainsi que nous savons que le Serment de Saint-Georges reconstitué fonctionna parfaitement en 1837. En effet il organisa des concours de tir en 1837, 1839, 1843, 1846 et 1851. Il semble que la Grand Serment connut ensuite une courte éclipse, et puis, en 1862, on le voit mettre sur pied un grand concours de tir à la petite arbalète au but et de 1863 à 1866 des concours à la grande arbalète au but . C’est alors qu’ il prit ses installations dans un site exceptionnel « Le Jardin aux Fleurs », situé au numéro 82 de la rue des Six Jetons où il se maintient jusqu’en 1943. Le Grand Serment Royal et de Saint-Georges eut ses installations dans divers lieux prestigieux de la capitale tout au long de ces centaines d’années d’existence. Depuis 1997, il a ses assises en l’ Impasse du Borgendael, 7 Place Royale. Le local musée, qui abrite son très intéressant patrimoine et les lignes de tir au but à 20, 10 et 6 mètres, occupe d’anciens soubassements dont les voûtes supportent le chœur de l’église Saint-Jacques-sur-Coudenberg et jouxtent l’aile droite et les jardins du Palais Royal. La Gilde de Saint-Georges se retrouve donc à proximité du site de la maison et du jardin des arbalétriers qui se situaient dans la rue Isabelle, dont l’existence urbaine aura été de deux cent quatre-vingt-cinq ans, de 1625 à 1910, et dont les vestiges sous la Place Royale sont visitables. Particularités: les Compagnons arbalétriers de Saint-Georges tiennent à maintenir en vie une tradition séculaire et donc pratiquent un art de vivre unique en son genre. Si leur discipline est assez particulière, les qualités requises pour la pratiquer se retrouvent dans beaucoup d’autres règles. La maîtrise de soi, absolument indispensable, du flegme pour annihiler la nervosité, l’excitation ou les crispations, et réussir des « centres » appelés aussi des « roses » ou encore des « dix ». La condition physique est dès lors primordiale afin de rester maître de ses nerfs et de ne pas être pris de tremblements. Dix-Huit ans est l’âge requis pour devenir Compagnon. Le poids des armes varie entre 5 et 15 kilos et donc une certaine force est requise. Le candidat, qui doit être de nationalité belge, est parrainé par deux Compagnons qui se partagent le guidage, l’écolage du nouveau. Un stage de 12 mois au moins, qui comprend trois stades , est requis. On est tout d’abord Apprenti pendant une période d’au moins douze mois, au cours de laquelle le candidat est initié aux finesses du tir à l’arbalète et aux us et coutumes du Grand Serment. Le stade suivant, à l’ issue des douze mois de présence, est celui d’Agrégé, moment où le candidat est accepté dans la gilde et peut participer à tous les concours de tir. Enfin le conseil des Jurés doit juger, en son âme et conscience, si le candidat agrégé a fait preuve, au cours de sa période de stage, d’un esprit digne d’un Compagnon de Saint-Georges et émettre un vote à l’unanimité. Il sera Compagnon à part entière, lorsqu’il aura prêté le serment historique de fidélité au Roi, à Saint-Georges, à la Gilde et à la Ville, au cours de la cérémonie solennelle de la Journée des Roys ou de la Gilde, le dimanche qui suit l’Ascension. C’est à ce moment que le récipiendaire reçoit le baudrier de Compagnon avec écussons brodés, galon et franges dorés. Au cours de cette cérémonie, les colliers de Roy sont également remis aux Roys de l’année par le Chapelain de la Gilde. Cette activité, devenue d’agrément, peut être pratiquée par tous. Si les Compagnons proviennent d’origines sociales diverses, si au sein de la Gilde, un grand éventail de professions est représenté, le Grand Serment Royal et de Saint-Georges garde quand même un caractère incomparable, transcendant, et seule une certaine élite au plan humain doit y demeurer. Conformément au respect d’une tradition séculaire, les femmes, tout en étant toujours bien accueillies, ne peuvent devenir « Compagnon arbalétrier » . Ce qui est enthousiasmant au sein de la vénérable Gilde, c’est, en tant que détenteurs d’un héritage de grande valeur, d’en assurer la pérennité avec conviction et responsabilité, et de gérer cela en établissant un juste équilibre entre la pratique d’un sport très particulier et le maintien en vie d’une tradition pluri séculaire. Les arbalétriers du Grand Serment Royal et de Saint-Georges sont détenteurs d’un patrimoine historique unique en son genre qui est un des fleurons de la Capitale. Activités: les membres de la Gilde tiennent leur réunion hebdomadaire, chaque jeudi soir à partir de 20 heures, dans leur local musée sis au fond de l’impasse du Borgendael, Place Royale, 7. Selon un programme d’activités établi pour l’année entière, soit ils s’exercent au tir, soit ils participent à des tirs officiels. Ces réunions sont une merveilleuse occasion de se retrouver entre amis.
Quatre grandes disciplines sont pratiquées :
- le tir à l’horizontale à la grande arbalète au but à 20 mètres
- le tir à l’horizontale à la petite arbalète au but à 10 mètres
- le tir à l’horizontale à la petite arbalète au but à 6 mètres
- le tir à la verticale à la grande perche à 37,50 mètres de haut. Il est à remarquer que les arbalétriers de Saint-Georges sont les seuls à pratiquer encore ce tir historique en Belgique avec deux autres sociétés de Flandre.
Quatre activités importantes, dans le respect des traditions, font partie du programme annuel :
- Le tir de la Saint-Georges suivi du banquet du même nom
- La participation des Compagnons, en tenue historique, au chapitre des Neuf Nations de Bruxelles, en la salle gothique de l’Hôtel de Ville de Bruxelles, l’avant dernier vendredi du mois de juin, à 18 heures. Préalablement à cette cérémonie, à 17 heures, se déroule le tir du Challenge des Neuf Nations, en tenue historique, dans la cour de l’Hôtel de Ville. Le gagnant de ce tir à la grande arbalète au but à 20 mètres, reçoit le challenge des mains du Bourg-Maître des Nations à l’issue du chapitre solennel
- Participation en tenue historique aux deux sorties de l’Ommegang le premier jeudi du mois de juillet et le mardi qui précède
- Le dimanche de l’Ascension, Journée des Roys ou journée de la Gilde. Grand-Messe solennelle en l’église Notre-Dame du Sablon, qui est l’édifice religieux édifié et financé par les ancêtres des Arbalétriers Bruxellois. Au cours de cette cérémonie, en présence du Représentant de SM. le Roi, Haut Protecteur de la Gilde, consécration des Roys de tirs de l’année et remise des colliers. Également prestation de serment des nouveaux Compagnons.
Le Grand Serment Royal et de Saint-Georges est affilié à trois organismes :
- l’ Union Nationale des Arbalétriers de Belgique (UNAB)
- l’ Union Régionale des Arbalétriers (URA)
- la Fédération Bruxelloise de Tir à l’Arbalète (FBB).
