1381 – 2006 : 625ème anniversaire

Un peu d’Histoire

Notre royaume a fêté en 2006, ses 175 ans d’existence. La capitale de la Belgique a l’honneur de voir un des plus anciens éléments en activité de son patrimoine historique, fêter, cette même année, le 625e anniversaire de sa reconnaissance. On sait qu’il existait déjà des arbalétriers à Bruxelles au XIIe siècle, toutefois ceux-ci n’étaient pas organisés sous forme de Gilde ou de Serment. Il y avait tout simplement des éléments d’arbalétriers sous la forme de compagnies ou de détachements. Il ne subsiste aucun document officiel qui puisse attester de la reconnaissance d’une Gilde à cette époque. Les archives du Grand Serment d’avant le XVIIe siècles ont été détruites, de très riches joyaux de la Gilde se sont volatilisés. En effet entre 1690 et 1815, les événements politiques furent très nuisibles aux institutions communales et en particulier au Serment de Saint-Georges. Il y a le bombardement de Bruxelles en 1695 par le Maréchal de Villeroy. En 1789, lors des combats qui précèdent l’expulsion des Autrichiens, les insurgés installent leur QG dans le jardin de Saint-Georges. En 1792, Bruxelles est envahi par les troupes du Général Dumouriez. Début mars 1793, c’est au tour des Sans-Culottes d’envahir Bruxelles et les maisons des Serments sont mises à Sac. Le 18 mars 1793 les troupes républicaines sont défaites à Neerwinden et le 28 avril 1793, les Autrichiens reviennent à Bruxelles. Le 26 juin 1794 les Français, commandés par le Général Jourdan battent les Autrichiens à Fleurus et le 11 juillet , ils reviennent à Bruxelles et s’emparent du jardin de tir de la Gilde, dénommé Jardin de Saint-Georges, situé rue des Alexiens, côté pair, à l’endroit où se trouve actuellement l’établissement scolaire néerlandophone, le « Sint-Joris lager onderwijs ». Les Serments d’Arbalétriers furent supprimés en vertu des lois de la République française, d’application dans nos provinces après annexion, par leur proclamation du 9 Vendémiaire an IV (1er octobre 1795). Les documents des XIIe et XIIIe siècles, se référant aux arbalétriers de Bruxelles, ont donc été détruits. Dès lors, les arbalétriers royaux de Saint-Georges, afin de respecter le tracé historique, s’appuient sur le seul document ancien existant encore aux archives de la Ville, la charte édictée par les ducs de Brabant, Jeanne et Wenceslas. Et la Gilde au double prédicat, se réclame du « Grand Serment des Arbalétriers de Bruxelles », reconnu officiellement par cette charte du 4 mai 1381, et du « Serment de Saint-Georges » établi dans ses droits en 1389 par la duchesse Jeanne de Brabant.
Après le départ des Français en 1814, les sociétés sortirent de l’ombre et commencèrent par réclamer le rétablissement de leurs privilèges. La Loi fondamentale de 1815 vint anéantir leurs illusions. Le Régime Hollandais se montra plus clément que le Français, bien qu’il déniait toute existence légale aux groupements de quelque nature qu’ ils fussent. La Régence de Bruxelles multiplia les autorisations de se réunir et, petit à petit, les arbalétriers reprirent leurs jeux. Le Serment de Saint-Georges fut reconstitué par les anciens membres, à la faveur de l’instauration de l’ Indépendance et de la Monarchie. Après 1830, les Sociétés de tir se reconstituent un peu partout, non plus comme des Milices actives ou des Corps jouissant de privilèges politiques, mais sous la forme de sociétés d’agrément, sportives, culturelles, historiques. C’est ainsi que nous savons que le Serment de Saint-Georges reconstitué fonctionna parfaitement en 1837. En effet il organisa des concours de tir en 1837, 1839, 1843, 1846 et 1851. Il semble que la Grand Serment connut ensuite une courte éclipse, et puis, en 1862, on le voit mettre sur pied un grand concours de tir à la petite arbalète au but et de 1863 à 1866 des concours à la grande arbalète au but . C’est alors qu’ il prit ses installations dans un site exceptionnel « Le Jardin aux Fleurs », situé au numéro 82 de la rue des Six Jetons où il se maintient jusqu’en 1943. Le Grand Serment Royal et de Saint-Georges eut ses installations dans divers lieux prestigieux de la capitale tout au long de ces centaines d’années d’existence. Depuis 1997, il a ses assises en l’ Impasse du Borgendael, 7 Place Royale. Le local musée, qui abrite son très intéressant patrimoine et les lignes de tir au but à 20, 10 et 6 mètres, occupe d’anciens soubassements dont les voûtes supportent le chœur de l’église Saint-Jacques-sur-Coudenberg et jouxtent l’aile droite et les jardins du Palais Royal. La Gilde de Saint-Georges se retrouve donc à proximité du site de la maison et du jardin des arbalétriers qui se situaient dans la rue Isabelle, dont l’existence urbaine aura été de deux cent quatre-vingt-cinq ans, de 1625 à 1910, et dont les vestiges sous la Place Royale sont visitables. Particularités: les Compagnons arbalétriers de Saint-Georges tiennent à maintenir en vie une tradition séculaire et donc pratiquent un art de vivre unique en son genre. Si leur discipline est assez particulière, les qualités requises pour la pratiquer se retrouvent dans beaucoup d’autres règles. La maîtrise de soi, absolument indispensable, du flegme pour annihiler la nervosité, l’excitation ou les crispations, et réussir des « centres » appelés aussi des « roses » ou encore des « dix ». La condition physique est dès lors primordiale afin de rester maître de ses nerfs et de ne pas être pris de tremblements. Dix-Huit ans est l’âge requis pour devenir Compagnon. Le poids des armes varie entre 5 et 15 kilos et donc une certaine force est requise. Le candidat, qui doit être de nationalité belge, est parrainé par deux Compagnons qui se partagent le guidage, l’écolage du nouveau. Un stage de 12 mois au moins, qui comprend trois stades , est requis. On est tout d’abord Apprenti pendant une période d’au moins douze mois, au cours de laquelle le candidat est initié aux finesses du tir à l’arbalète et aux us et coutumes du Grand Serment. Le stade suivant, à l’ issue des douze mois de présence, est celui d’Agrégé, moment où le candidat est accepté dans la gilde et peut participer à tous les concours de tir. Enfin le conseil des Jurés doit juger, en son âme et conscience, si le candidat agrégé a fait preuve, au cours de sa période de stage, d’un esprit digne d’un Compagnon de Saint-Georges et émettre un vote à l’unanimité. Il sera Compagnon à part entière, lorsqu’il aura prêté le serment historique de fidélité au Roi, à Saint-Georges, à la Gilde et à la Ville, au cours de la cérémonie solennelle de la Journée des Roys ou de la Gilde, le dimanche qui suit l’Ascension. C’est à ce moment que le récipiendaire reçoit le baudrier de Compagnon avec écussons brodés, galon et franges dorés. Au cours de cette cérémonie, les colliers de Roy sont également remis aux Roys de l’année par le Chapelain de la Gilde. Cette activité, devenue d’agrément, peut être pratiquée par tous. Si les Compagnons proviennent d’origines sociales diverses, si au sein de la Gilde, un grand éventail de professions est représenté, le Grand Serment Royal et de Saint-Georges garde quand même un caractère incomparable, transcendant, et seule une certaine élite au plan humain doit y demeurer. Conformément au respect d’une tradition séculaire, les femmes, tout en étant toujours bien accueillies, ne peuvent devenir « Compagnon arbalétrier » . Ce qui est enthousiasmant au sein de la vénérable Gilde, c’est, en tant que détenteurs d’un héritage de grande valeur, d’en assurer la pérennité avec conviction et responsabilité, et de gérer cela en établissant un juste équilibre entre la pratique d’un sport très particulier et le maintien en vie d’une tradition pluri séculaire. Les arbalétriers du Grand Serment Royal et de Saint-Georges sont détenteurs d’un patrimoine historique unique en son genre qui est un des fleurons de la Capitale. Activités: les membres de la Gilde tiennent leur réunion hebdomadaire, chaque jeudi soir à partir de 20 heures, dans leur local musée sis au fond de l’impasse du Borgendael, Place Royale, 7. Selon un programme d’activités établi pour l’année entière, soit ils s’exercent au tir, soit ils participent à des tirs officiels. Ces réunions sont une merveilleuse occasion de se retrouver entre amis.
Quatre grandes disciplines sont pratiquées :
- le tir à l’horizontale à la grande arbalète au but à 20 mètres
- le tir à l’horizontale à la petite arbalète au but à 10 mètres
- le tir à l’horizontale à la petite arbalète au but à 6 mètres
- le tir à la verticale à la grande perche à 37,50 mètres de haut. Il est à remarquer que les arbalétriers de Saint-Georges sont les seuls à pratiquer encore ce tir historique en Belgique avec deux autres sociétés de Flandre.
Quatre activités importantes, dans le respect des traditions, font partie du programme annuel :
- Le tir de la Saint-Georges suivi du banquet du même nom
- La participation des Compagnons, en tenue historique, au chapitre des Neuf Nations de Bruxelles, en la salle gothique de l’Hôtel de Ville de Bruxelles, l’avant dernier vendredi du mois de juin, à 18 heures. Préalablement à cette cérémonie, à 17 heures, se déroule le tir du Challenge des Neuf Nations, en tenue historique, dans la cour de l’Hôtel de Ville. Le gagnant de ce tir à la grande arbalète au but à 20 mètres, reçoit le challenge des mains du Bourg-Maître des Nations à l’issue du chapitre solennel
- Participation en tenue historique aux deux sorties de l’Ommegang le premier jeudi du mois de juillet et le mardi qui précède
- Le dimanche de l’Ascension, Journée des Roys ou journée de la Gilde. Grand-Messe solennelle en l’église Notre-Dame du Sablon, qui est l’édifice religieux édifié et financé par les ancêtres des Arbalétriers Bruxellois. Au cours de cette cérémonie, en présence du Représentant de SM. le Roi, Haut Protecteur de la Gilde, consécration des Roys de tirs de l’année et remise des colliers. Également prestation de serment des nouveaux Compagnons.
Le Grand Serment Royal et de Saint-Georges est affilié à trois organismes :
- l’ Union Nationale des Arbalétriers de Belgique (UNAB)
- l’ Union Régionale des Arbalétriers (URA)
- la Fédération Bruxelloise de Tir à l’Arbalète (FBB).

Publié dans : Non classé | le 27 février, 2007 |Pas de Commentaires »

Fête des 525 ans en 1906

Comme nous l’avons écrit, le Grand Serment Royal et de Saint-Georges des Arbalétriers de Bruxelles a fêté ses 625 ans d’existence reconnue en 2006. Mais il est intéressant de se souvenir comment les 525 ans furent fêtés par nos Anciens en 1906.
Les festivités, qui coïncidaient avec les fêtes nationales et avec la grande Kermesse de Bruxelles, se déroulèrent au cours des mois de juillet et d’août. La célébration d’un grand anniversaire d’une aussi noble association doit se faire avec tout l’éclat que mérite un organe aussi ancien et aussi populaire de la capitale. Il faut donc un budget suffisant pour pouvoir répondre aux dépenses que nécessite une telle représentation. A l’issue d’une réunion le 2 novembre 1905, le Comité présenta un projet pour lequel il fit appel à un subside de Six Mille francs à la Ville de Bruxelles. En sa séance du 6 mai 1906, le Comté arrêta son programme, qui consistait en un cortège grandiose et en un concours de tir à la Grande Arbalète, distance 20 mètres, à la Petite Arbalète, distance 10 mètres et un concours à l’oiseau, distance 13 mètres. Trois Mille francs de Prix étaient réservés pour ces tirs. Trois Cents francs étaient encore prévus pour un Prix d’Honneur, et Deux Cents francs pour un concours de « Tirs Passagers ». L’affiche éditée à cette occasion, reprenait les données de ces divers concours de la manière suivant:
Concours 525ème anniversaire.
Concours à l’Arbalète au but, blason rond, distance 20 et 10 mètres, et à l’oiseau, distance 13 mètres.15-16-22 et 23 juillet.
Grande Arbalète à 20 mètres:1000 francs de Prix. Prix des roses, 75 francs en espèces.
Le Haut total s’établissant comme suit:
1er Prix 65 francs
2ème Prix 55 francs
3ème Prix 45 francs
4ème Prix 35 francs
5ème Prix 25 francs
6ème Prix au 15ème Prix 20 francs
16ème Prix au 25ème Prix 15 francs
26ème Prix au 54ème Prix 10 francs.
Le Bas total s’établit comme suit:
1er Prix 20 fr
2ème Prix 15 fr
3ème Prix 10 fr
4ème Prix 8 fr
5ème Prix 7 fr.
Equipes (Peloton) de 6 hommes et 6 coups. Carton à rose de 28 mm. Pas de ceinture, porte-coude, microscopes, niveau bretelles, etc.. Lunette doit être libre de tout verre. Les arbalètes 10 mètres ou celles chassant des flèches dépassant 18 mm, ne sont pas admises.
Barrages pour 1200 points et plus, auront lieu après chaque peloton.
Mise fixée à 2,10 francs.
Le tir commençant le 15 juillet, dès la rentrée du cortège, la réception des autorités et la remise des médailles commémoratives, pour être continué à partir de 9 heures du matin jusqu’à 7 heures du soir, les 16, 22 et 25 juillet.29-30 juillet et 5-6 août.
Petite Arbalète distance 10 mètres: 1000 francs de Prix. Prix des roses 75 francs en espèces.
Haut total: idem 20 mètres.
Bas total: idem 20 mètres

Publié dans : Non classé | le 27 février, 2007 |Pas de Commentaires »

Membres d’Honneur

Le Grand Serment Royal et de Saint-Georges se glorifie de compter en son sein de très nombreuses personnalités qui ont qualité de Membre d’Honneur. Au cours des centaines d’années d’existence ces personnes d’exception, qu’elles appartiennent à la Noblesse, qu’elles soient issues du monde politique, scientifique, universitaire, religieux, artistique, littéraire ou industriel, ont toutes laissé une empreinte indélébile de leur séjour, dans les Livres d’Or successifs conservés aux archives de la Gilde. L’ importance de la liste est trop considérable pour la reprendre ici dans son entièreté. Toutefois dans le tableau repris, nous présentons quelques éminentes personnalités qui le furent ou qui le sont. Lorsqu’on parcourt les divers ouvrages existants, on constate que les ducs de Brabant avaient une haute estime de la valeur combative et défensive des Arbalétriers de Bruxelles. Et la Maison Ducale de Brabant a toujours pu compter sur le plus fidèle attachement des arbalétriers du Grand Serment Royal et de Saint-Georges. Les ducs de la Maison de Bourgogne, ainsi que les Princes de la Dynastie des Habsbourgs, gratifièrent le Grand Serment d’honneurs et de marques d’estime. Ce fut le cas, parmi tant d’autres célèbres, de l’inoubliable Maximilien Ier et du grand Charles Quint, Empereur, des Archiducs Albert et Isabelle, de l’Impératrice Marie-Thérèse, du bon duc Charles de Lorraine, de l’Archiduchesse Marie-Christine et de l’Empereur Léopold II, qui fut, par ailleurs, parrain du Roi des Belges, Léopold Ier. Le souvenir de ces Princes est resté très vivace au sein de la Gilde de même que la mémoire des festivités, joyeusement retentissantes, qui saluèrent les fameux triomphes au tir à l’arbalète, des Souverains, Princes, Prélats, nobles Dames et grands Seigneurs, qui furent proclamés Roys et Reynes du Grand Serment. Nous présentons également dans un encadré quelques noms de ces illustres personnes, qui ont glorifié la Gilde de leur titre de Roy ou Reyne du Grand Serment, aux années indiquées.

Publié dans : Non classé | le 27 février, 2007 |Pas de Commentaires »

L`Ommegang et les Arbalétriers 1348 – 1930 – 2006

Origine: Il semble que les origines de cette représentation historique soient ignorées de la plupart des gens. Il est pourtant utile de rappeler que ce sont les arbalétriers qui sont à l’origine de ce fastueux cortège, qui est, chaque année, un des événements majeurs de la ville.Si au XIVe siècle, les arbalétriers de Bruxelles étaient considérés comme une corporation importante, en 1348, l’institution de l’Ommegang augmenta encore leur importance. L’Ommegang était un défilé dans lequel figuraient tous les corps civils et religieux de la cité, une procession imposante où le sacré et le profane se trouvaient réunis. De nos jours ce dernier a fini par éclipser le premier. Cette cérémonie était célébrée chaque année, le dimanche de la Pentecôte. Selon la tradition, Béatrice Soetkens, anversoise dévote et pauvre, aurait vu, à plusieurs reprises, la Vierge lui apparaître en songe et lui révéler ses volontés: en premier lieu faire restaurer la statue de bois de la Vierge qui avait été vénérée mais délaissée par les fidèles. Béatrice réussit sans peine cette charge et elle fit redorer la statue par un artiste de la ville. La Vierge lui aurait ensuite commandé d’enlever la statue de l’église, de l’amener en bateau à Bruxelles et de la placer dans la chapelle du Sablon. L’opposition du Sacristain l’empêcha de mener à bien son entreprise. C’est alors que la Vierge l ‘aurait assurée de son aide si elle agissait après la fermeture de l’église. Effectivement, Béatrice subtilisa la statue et pris place avec elle dans une frêle embarcation, qui avait été miraculeusement bloquée au port. Tout aussi miraculeusement cette barque aurait remonté à vive allure le courant de l’Escaut et de la Senne jusqu’à Bruxelles. Entre-temps les Anversois mis au courant par le Sacristain, expédièrent une lettre au duc de Brabant et aux édiles bruxellois pour qu’ils prennent des mesures de sorte que la statue déplacée par une volonté divine, soit réceptionnée avec tout le respect qui lui revenait. Pour ce faire, le duc chargea les arbalétriers d’aller accueillir la statue miraculeuse. Ceux-ci, accompagnés d’une population en liesse, se rendirent en procession jusqu’à l’endroit dénommé Zavel (Sablon) où ils s’exerçaient au tir, et ils déposèrent la statue dans la chapelle qu’ils y possédaient. Les arbalétriers décidèrent de commémorer chaque année, par une procession, l’arrivée de la statue de « Notre-Dame à la Branche » (Onze Lieve Vrouwe op ‘t Stocsken). L’OMMEGANG ÉTAIT NÉ ! Les arbalétriers dirigèrent donc le déroulement de l’Ommegang et ils occupaient un emplacement d’ honneur dans le défilé, qui consistait à tourner autour de l’édifice religieux abritant la statue, d’où la signification en ancien flamand « Ommegang : Omme : autour et gaan : marcher ». Dès l’année 1359, les arbalétriers recevaient d’ailleurs de la ville une subvention annuelle de quarante schellings ou deux livres. Une partie de cette somme couvrait les dépenses relatives au festin que la compagnie donnait le jour de l’Ommegang. Renaissant après le mariage de Napoléon et de Marie-Louise, l’Ommegang, événement capital de l’année, est tombé dans l’oubli pendant plus de cent ans. Dès 1926, le Grand Serment Royal et de Saint-Georges initia le projet de fêter avec éclat son 550e anniversaire. Il s’agissait de commémorer la signature, par la duchesse Jeanne et le duc Wenceslas, le 4 mai 1381, d’une ordonnance considérée comme l’acte de reconnaissance officielle du Grand Serment et de la constitution du Serment de Saint-Georges. Les membres du Grand Serment Royal et de Saint-Georges se souviennent que l’Ommegang de Bruxelles était jadis la procession des arbalétriers. Le 18 février 1927, le Secrétaire général, Jules De Winckeleer, informe le Collège des Bourgmestre et Échevins de la Ville de l’intention de recréer le cortège historique. Cette idée des arbalétriers de Saint-Georges de célébrer ce jubilé par une manifestation grandiose à caractère historique et artistique existe aussi dans le chef du vicaire du Sablon, l’abbé François Desmet, très attaché au Grand Serment de Saint-Georges. Le 4 avril 1927, l’abbé Desmet, enthousiasmé, passionné par l’attachement que le Grand Serment Royal et de Saint-Georges montre aux traditions, expose ses idées dans une lettre qu’il adresse au Président du Serment, Modeste Vanden Haute. Il propose sa collaboration pour « ressusciter l’ancien Ommeganck , qui est toute l’histoire du Grand Serment et du Sablon ». La rencontre a bien lieu au siège du Grand Serment Royal et de Saint-Georges et celle-ci est suivie de beaucoup d’autres. L’approbation du cardinal Van Roey est demandée par l’abbé Desmet et l’autorisation lui est accordée le 26 octobre. Une nouvelle réunion a lieu le 31 octobre 1927 et un Comité provisoire est constitué, regroupant en plus de Modeste Vanden Haute et de Jules De Winckeleer, divers collaborateurs tels que Guillaume Des Marez, archiviste de la Ville, Emile Vauthier directeur de l’Académie d’Ixelles, Léon Van Puyvelde, Conservateur en chef des Musées Royaux des Beaux-Arts, Ernest Closson, professeur au Conservatoire. En décembre 1927, des contacts sont pris avec des politiciens, des savants et des artistes pour obtenir leur appui. Sur les conseils de l’archiviste Félix Rousseau, le Comité se met en rapport avec le directeur du Service de Recherches historiques et folkloriques de la Province de Brabant, Albert Marinus. Création de la Société de l’Ommegang. Toutes les personnalités contactées acceptent d’emblée de travailler à la reconstitution de l’Ommegang. Dès janvier 1928, le Comité d’Honneur est constitué et est placé sous le haut patronage de S.M. le Roi Albert Ier. La présidence d’honneur va au Cardinal Van Roey, la vice-présidence d’honneur à Maurice Vautier, Ministre des Sciences et des Arts, ainsi qu’au baron de Béco, Gouverneur de la Province de Brabant. Le bourgmestre Adolphe Max et l’abbé Richard, curé du Sablon, se partagent la présidence. Le Comité effectif se met tout aussi rapidement en place et est composé de la manière suivante : MM. G. Des Marez, L. Van Puyvelde, J. Cuvelier, Archiviste général du Royaume, J. Capart, Conservateur en Chef des Musées du Cinquantenaire, le comte Adrien van der Burch, Commissaire du Gouvernement aux expositions, le comte Montald, peintre, professeur à l’Académie des Beaux-Arts, P. De Mot, conseiller communal, E. Closson, A. Marinus, du Service folklorique de la Province, Coppejans, de Gand, peintre, spécialiste en cortèges, Crick, attaché aux Musées du Cinquantenaire, M. Coelst, échevin à la ville de Bruxelles, et M. Vanden Haute et De Winckeleer du Grand Serment Royal et de Saint-Georges. La première réunion de ce Comité se tient le 24 janvier 1928 à 18 heures au local du Grand Serment, 82 rue des Six Jetons. La séance se déroule en présence de la presse qui a été conviée. À l’issue de cette réunion l’abbé Desmet est élu Président et c’est Albert Marinus, en qualité de Secrétaire adjoint, qui rédige le procès-verbal. À l’invitation du bourgmestre Adolphe Max, les treize réunions suivantes se tiendront à l’Hôtel de Ville de Bruxelles.Le registre des procès-verbaux nous apprend que de janvier 1928 à février 1930, l’essentiel du contenu des discussions en séance porte sur deux points : la conception du cortège proprement dit et le financement de sa réalisation. Les débats sont parfois passionnés et les problèmes nombreux. Les difficultés rencontrées sont levées grâce à l’habileté et le sens de la diplomatie de l’abbé Desmet et la compétence et la ténacité d’Albert Marinus. Le Comité est très vite constitué en a.s.b.l sous la dénomination « Société de l’Ommegang de Bruxelles » avec comme objet l’organisation de cortèges historiques et folkloriques rappelant le passé de la ville de Bruxelles, tels les Ommegangs ainsi que les représentations de mystères. En séance du 9 mai, un Comité exécutif est créé et son siège fixé au 26, rue des Quatre Fils Aymon à Bruxelles. Le 11 juillet, le Président procède à l’installation de nouveaux membres et met en place les sous-commissions suivantes pour concrétiser le projet : PROPAGANDE : MM. Marinus, Verhaevert, Danthine, Kennettenorf. FINANCES : MM. Coelst, Dietrich, De Mot, Bautier, Marinus. PERSONNEL (recrutement) : MM. De Winckeleer et Vanden HauteMUSIQUE :M. ClossonARMES et ARMURES : Comte de BorchgraveCOSTUMES et BANNIERES :MM. Thiriar et Coopejans. FOLKLORE : MM. Crick, Verhaevert et Marinus. ARCHIVES et ESTAMPES : MM. Des Marez, Cuvelier, Paris, RousseauHERALDIQUE :MM. De Ridder, de Schaetzen et de BeauffortPARTIE ARTISTIQUE :MM. Montald, Coppejans, Van Ysendyck, Vauthier, Marinus. Composition du Comité Exécutif, qui figurera sur le programme officiel de l’Ommegang : Président : Abbé F. Desmet, vicaire du Sablon. Vice-Président : M. Coelst, échevin. Secrétaire général : A. Marinus. Secrétaire-adjoint : J. De Winckeleer. Trésorier-général : C. Dietrich de Val-Duchesse, Vice-Consul de Norvège. Trésorier-adjoint : P. De Mot. Régisseur général : M. G. Danthine, secrétaire du Rotary-Club. Direction des costumes et drapeaux : M. J. Thiriar, artiste-peintre. Direction musicale : M. E. Closson, professeur au Conservatoire. Direction artistique : M. . Thiriar et C. Montald, professeur à l’Académie Royale des Beaux-Arts. Recrutement du personnel : M. Vanden Haute et J. De Winckeleer, président et secrétaire du Grand Serment Royal et de Saint-GeorgesComité des finances : MM. Dietrich et De Mot, conseiller communal. Héraldique : MM. de Beaufort, spécialiste des blasons et armoiries, et Aerts, écrivain militaire et dessinateur. D’autres personnalités, pour leur expérience en grands défilés, viendront épauler les membres les plus actifs, le major baron Verhaegen, les commandants Betrand et Duchâteau. Le Comité d’Honneur, placé sous le haut patronage de S.M. le Roi Albert Ier, est revu en 1929 et actualisé en 1930. On y retrouve près de quatre-vingts personnalités occupant des fonctions importantes à la Cour, dans l’armée, la magistrature ou la vie politique et culturelle. Les présidents d’Honneur sont : S.E. le Cardinal Van Roey, Archevêque de Malines. M. Magnette, Président du Sénat. M. le Baron Tibbaut, Président de la Chambre des Représentants. M. Henri Jaspar, Premier Ministre, Ministre des Colonies. M. Adolphe Max, Ministre d’Etat, Bourgmestre de Bruxelles. M. Nens, Gouverneur du Brabant. Il est intéressant de voir le projet complet de reconstitution de l’Ommegang réalisé par A. Marinus. Son travail tenait compte des décisions prises par le Comité effectif lors de sa séance du 24 janvier 1928, c’est-à-dire un cortège représentant un Ommegang du XVIe siècle. La dimension religieuse de la procession posait problème et A. Marinus propose que cet aspect soit traité par le biais du folklore en donnant une place importante à l’évocation de la légende de Notre-Dame du Sablon. Il présente son projet, dont le modèle est l’Ommegang somptueux qui défila, en 1549, devant Charles Quint et sa cour. Certaines modifications ont été apportées afin de l’adapter aux exigences de l’époque moderne. Il reste que le milieu du XVIe siècle est une époque où le costume est varié de coupe et chatoyant de couleurs, époque de manifestations fastueuses. Le Grand Serment Royal et de Saint-Georges est fier d’être à la base de la renaissance de l’Ommegang, qui en définitive, à la demande du Ministre de l’ Intérieur de l’époque, Albert –J. CARNOY, fut mis sur pied en 1930 au lieu de 1931, de sorte que les fêtes du Centenaire et celles de l’anniversaire du Grand Serment soient concomitantes. Cette manifestation prestigieuse qui, de nos jours, se déroule le premier jeudi du mois de juillet, du Sablon à la Grand-Place, attire encore de très nombreux spectateurs, qui rendent hommage à la Gilde séculaire et dispensent de vibrants applaudissements à ces arbalétriers revêtus de la tenue écarlate ou pourpre royale à bordures vertes.

Publié dans : Non classé | le 27 février, 2007 |93 Commentaires »

Au Tour du Panier |
SYNDICAT INDEPENDANT DES ME... |
BIBLIOTHEQUE |
Unblog.fr | Annuaire | Signaler un abus | APCP
| Blog de l'Association
| L'amicale des donneurs de s...